?‍♂️ Santiago – “La sombra del peregrino”

22 septembre 2021 – Au cours des dernières JEP 2021, à Lyon, un adhérent très sympathique de la délégation ARA-Rhône – appelons-le Thierry M. par discrétion – parlait avec les permanents de son tout récent Chemin de pèlerinage à Santiago.

Au fil des souvenirs émus qu’il avait cœur d’évoquer, il parla à un moment donné d’une étrangeté vue et photographiée tout près de la cathédrale, sur la Plaza A Quintana: “la sombra del peregrino”.

Le blog de l’ARA-Rhône vous dit tout.

Aucun des deux interlocuteurs de Thierry M. n’ayant jamais entendu parler de cette “sombra del peregrino”, notre pèlerin fraîchement de retour se sent légèrement piqué au vif devant l’incrédulité des deux anciens.

Il prouve ce qui a vu il y a quelques jours à Santiago en ouvrant la galerie de photos de son smartphone.

Curieux en effet, qu’on en juge ci-contre …

Plaza A Quintana

Lorsque le soleil ne brille plus, l’une des images les plus photographiées de Santiago apparaît.

L’histoire raconte qu’une ombre accompagne les pèlerins pendant le long voyage du Camino de Santiago.

Ils sentent sa présence dans les passages les plus durs mais il n’y a qu’un seul endroit où le marcheur épuisé (s’il n’a pas suivi les excellents conseils des permanents de l’ARA-Rhône…) peut la rencontrer : sur la Plaza A Quintana.

Pur hasard

L’«ombre du pèlerin», peut-être la légende ayant le plus d’écho parmi celles de Compostelle, est devenue ces dernières années l’une des images les plus photographiées de la capitale galicienne.

Elle est également devenue l’une des plus reproduites, avec des impressions sur des T-shirts, des affiches ou des taxis.

L’ombre, qui naît à la tombée de la nuit et dès que l’éclairage de cette place – l’une des quatre qui entourent la cathédrale – est allumé, est visible au pied de la Tour de l’Horloge, à côté de la Porte Sainte.

Pour beaucoup, elle représente l’image saisissante d’un pèlerin en tenue médiévale, avec un chapeau et un bourdon. Cependant, son origine beaucoup plus prosaïque est due à l’ombre chinoise portée par l’éclairage nocturne de la basilique sur un lampadaire, une colonne de granit et un fil de paratonnerre ! Du pur hasard.

Légendes

L’image accumule cependant des légendes sans fin. Certains pensent qu’elle reflète l’âme d’un pèlerin resté pour toujours dans la cathédrale.

Pour d’autres, elle rappelle la figure d’un pèlerin français du XVe siècle, Léonard du Revenant [sic], fils d’un noble parisien, sur l’âme duquel pèseraient trois morts dont son père, plus un jeune homme et une jeune femme rencontrés en Navarre… rien que ça !

Echappant à la justice déguisé en moine-mendiant et plus tard en pèlerin pauvre, il arriva ainsi à Compostelle avec l’espoir d’obtenir le pardon divin et celui des hommes afin de jouir des biens de son défunt père.

Peu avant le coucher du soleil, les auberges étaient toutes pleines de pèlerins, il ne trouva pas de toit sous lequel dormir et s’installa au pied de la cathédrale. Bientôt il s’endormit et dans ses rêves Léon du Cornu lui apparut et dit :

« Avec cette visite à Compostelle, vous purgez la peine de la mort [de votre père] que je vous pardonne, mais pas celle des deux jeunes Navarrais que vous avez assassinés en chemin. Tant que leurs âmes n’auront pas fait un pèlerinage à Compostelle, vous ne pourrez pas embrasser le saint »

Cependant, la version la plus répandue – également avec une fin tragique – fait référence à la destinée d’un prêtre de la cathédrale, amoureux d’une religieuse cloîtrée du couvent de San Paio, situé de l’autre côté de la Plaza A Quintana.

La tradition rapporte que la religieuse le rencontrait dans un passage supposé relier la cathédrale et le couvent, sous les marches d’A Quintana. Au bout d’un moment, le prêtre fatigué de la situation, aurait proposé à sa bien-aimée de s’évader ensemble. Il lui donna rendez-vous au crépuscule sur la place, dans la tenue du pèlerin médiéval pour de ne pas attirer l’attention.

Il l’attendit patiemment mais elle ne vint pas. Pourtant, nuit après nuit, l’amant (ou son ombre) va toujours à son rendez-vous. Et l’attend toujours…

Si vous passez par là, vous pourrez observer son ombre immobile qui vous attend en silence. Patiemment.

Si vous l’avez manquée la dernière fois, il ne vous reste plus qu’à repartir vers Santiago et à attendre que la nuit tombe sur la Plaza A Quintana…

(interprétation librement traduite d’un article paru le 14 mai 2014, dans le quotidien “La Voz de Galicia”) – TL

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