20 avril 2021 – Pour quelles raisons certains endroits du Camino marquent-ils plus que d’autres la mémoire ? C’est un des nombreux mystères de ce pèlerinage, tellement singulier qu’il n’y a pas de réponse toute faite. Chacun peut expliquer pourquoi tel endroit lui a plu, tel autre ne sera pas de cet avis.
Le choix totalement subjectif de l’auteur se porte aujourd’hui vers Astorga, dans la belle province de León, à 250 km de Santiago…
Jumelée à Moissac
Située à la croisée de deux routes populaires de Saint-Jacques-de-Compostelle : la Via de la Plata et le Camino Frances, Astorga ou « Estorga » en léonais, capitale du pays des « Maragatos », est une ville qui recèle un impressionnant patrimoine monumental, culturel, gastronomique et naturel.
La plus ancienne des routes, la Via de la Plata (route de l’argent) puise ses origines dans l’époque romaine. Reliant Gijón à Séville, elle permettait le transport des métaux extraits des mines du nord de la péninsule ibérique jusqu’aux ports commerciaux du sud. Plus tard, au Moyen Âge, cette excellente voie de communication fut empruntée par les troupes arabes et chrétiennes pendant la conquête et la Reconquista.
L’enceinte fortifiée d’Astorga conserve des églises, des couvents et des hôpitaux qui replongeront le pèlerin dans la plus pure tradition du Chemin de Saint Jacques.
Notons qu’Astorga est jumelée depuis 1996 à une autre grande ville-étape du chemin de Compostelle: Moissac.
Asturica Augustea
Parvenu en fin d’après-midi à la Cruz de Santo Toribio, le pèlerin découvre un magnifique panorama sur la Cordillère Cantabrique toute proche, puis sur Astorga à ses pieds.
L’entrée dans la ville d’Astorga se mérite: descente sur San Justo de la Vega que l’on traverse pour retrouver un chemin longeant une zone industrielle puis enjambant la voie ferrée par une passerelle métallique.
Une belle montée conduit enfin à La Puerta del Sol, montrant au passage des vestiges romains très bien conservés sous un abri, puis au centre-ville.
Imposantes architectures religieuses
Le monument qui attire en premier lieu le regard du visiteur est sans nul doute le Palais Episcopal, œuvre néogothique du grand architecte catalan Antonio Gaudí, érigé juste à côté de la majestueuse Cathédrale Santa María, élevée sur les restes d’une église romane et achevée au XVIIIe siècle.
Ses tours présentent un chaleureux ensemble baroque de pierres roses et jaunes, tandis que le portail affiche une curieuse ornementation d’éléments végétaux.
Vie nocturne
À la Plaza Mayor, le bâtiment accueillant l’hôtel de ville (XVIIe siècle), avec une somptueuse façade, est le plus imposant parmi les édifices anciens.
La place vide et silencieuse dans la journée se réveille joyeusement à la tombée de la nuit, commerces, terrasses et restaurants ouvrant tard pour accueillir les familles.
Comme partout en Espagne, les gens aiment prendre un verre, bavarder et passer de longs moments dans les bars, dès dix heures du soir et jusqu’à une heure avancée de la nuit. Au printemps et en été, la clémence des températures est propice à l’installation des nombreuses terrasses proposées par la plupart des établissements, où il fait bon prendre un verre à l’air libre.
Pour le plaisir du palais
Au niveau gastronomique, Astorga surprendra à coup sûr le pèlerin-gourmet : le « cocido maragato » (semblable au pot-au-feu), la « cecina » (viande séchée), les feuilletés et surtout les « mantecadas » (sorte de madeleine) – véritables emblèmes de la ville-.
Sans oublier plusieurs fabricants de chocolats avec boutiques et même un musée.
Bus avec modération, ses vins fruités et minéraux du Bierzo tout proche sont délicieux en vinification blanc et rouge.
Astorga en images
